par Gu Meisheng
« L’essentiel est de parvenir à la maîtrise de soi, d’en connaître ses limites et les raisons de ses défaillances. Beaucoup de gens, en effet, veulent être maîtres des autres, maîtres du pays, du monde, sans être maîtres d’eux-mêmes. C’est là une des causes de leurs malheurs et de leurs maladies.
Mais comment peut-on exercer un contrôle sur sa propre personne si l’on ne se connaît pas ? Cette connaissance-là ne se trouve pas dans les livres, qui peuvent aider, bien entendu, mais ne remplacent jamais la vigilance de l’action et l’auto-observation d’une pratique.
Par la lecture, les mots pénètrent dans la tête, mais pas dans le corps. Les connaissances doivent pouvoir descendre directement du cerveau dans le corps car, disent les Chinois, entre corps et âme il n’y a pas de distance. Pour les Orientaux, l’entière connaissance de soi-même réside dans la lecture intime du Grand Livre du Corps. On voit donc l’importance, pour saisir la vérité par le corps, de s’adonner à une pratique spirituelle à l’orientale, qui permettra une connaissance graduelle de son “espace intérieur” et, nécessairement, de la circulation du souffle (Qi).
Bien sûr, la maîtrise du Qi, de l’énergie en soi, n’est pas le but final d’une grande pratique, mais demeure pourtant l’objet d’étude de toutes les écoles philosophiques chinoises, qu’il s’agisse des arts martiaux de l’école interne, de la médecine chinoise, de l’acupuncture, du Qi Gong, etc.
On peut néanmoins se demander quel rapport il y a entre le Qi et la connaissance ou le contrôle de soi. Dans le travail sur l’énergie, il y a nécessairement concentration et recueillement. L’attention est fixée sur soi et il s’opère peu à peu une délivrance totale ou partielle des obsessions et des pensées multiples. Le coeur, vidé petit à petit de ses émotions, de ses projections passées ou futures, se révèle dans sa pureté immédiate et originelle ».