Le ruisseau – Courte histoire taoïste sur la gratitude.

La vraie gratitude ne réside pas dans l’accumulation ou la recherche constante de nouvelles raisons d’être reconnaissant.

Dans un petit village niché au cœur des montagnes chinoises vivait un vieil homme nommé Li. Chaque matin, il se levait à l’aube et méditait face au soleil levant, son visage ridé illuminé par les premiers rayons du jour. Les villageois le considéraient comme un sage, bien que Li n’ait jamais revendiqué un tel titre.

Un jour, une jeune femme nommée Mei vint le voir, le visage marqué par l’inquiétude et le mécontentement. “Maître Li,” dit-elle, “je me sens toujours insatisfaite. Quoi que je fasse, quoi que j’obtienne, ce n’est jamais assez. Comment puis-je trouver la paix ?”

Li sourit doucement et invita Mei à le suivre pour une promenade dans la forêt avoisinante. Alors qu’ils marchaient en silence, Li s’arrêtait parfois pour observer une fleur, écouter le chant d’un oiseau, ou simplement respirer profondément l’air frais de la montagne.

Après un moment, ils arrivèrent près d’un ruisseau cristallin. Li s’assit sur une pierre et invita Mei à faire de même. “Regarde l’eau,” dit-il. “Elle ne lutte pas contre les rochers, elle les contourne. Elle ne se plaint pas de son chemin, elle le suit simplement.”

Mei observa le ruisseau, fascinée par son mouvement fluide et constant. Li poursuivit : “Le Tao nous enseigne à être comme cette eau. À accepter ce qui est, à nous adapter sans résistance. C’est dans cette acceptation que naît la gratitude.”

Il ramassa une feuille tombée et la déposa délicatement sur l’eau. “Vois-tu comme la feuille flotte ? Elle ne lutte pas contre le courant, elle ne désire pas être ailleurs. Elle est simplement là où elle doit être, portée par le flux de la vie.”

Mei commença à comprendre. Elle réalisa combien elle avait passé de temps à désirer ce qu’elle n’avait pas, oubliant d’apprécier ce qui était déjà là. “Mais comment puis-je cultiver cette gratitude ?” demanda-t-elle.

Li sourit à nouveau. “Commence par la simplicité. Chaque matin, avant même de sortir du lit, prends un moment pour apprécier le simple fait d’être en vie. Observe la nature autour de toi, comme nous l’avons fait aujourd’hui. Reconnais l’interconnexion de toutes choses et comment chaque aspect de ta vie est soutenu par d’innombrables facteurs.”

Ils restèrent assis en silence pendant un long moment, écoutant le murmure de l’eau et le chant des oiseaux. Mei sentit une paix qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps l’envahir.

Sur le chemin du retour, Li ajouta : “N’oublie pas, la vraie gratitude dans le taoïsme ne vient pas de la recherche active de choses pour lesquelles être reconnaissant. Elle émerge naturellement lorsque nous nous alignons sur le Tao, lorsque nous acceptons le flux de la vie tel qu’il est.”

Dans les semaines qui suivirent, Mei mit en pratique les enseignements de Li. Elle commença à apprécier les petites choses de la vie quotidienne, à trouver de la beauté dans la simplicité, et à accepter les hauts et les bas avec plus de sérénité. Peu à peu, elle découvrit que la gratitude qu’elle recherchait avait toujours été là, attendant simplement d’être reconnue.

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